L O I S
DE LA
NOMENCLATURE BOTANIQUE
ADOPTÉES PAR LE CONGRÈS
——
C o n s i d é r a t i o n s g é n é r a l e s e t p r i n c i p e s d i r i g e a n t s .
Article 1.
L’histoire naturelle ne peut faire de progrès
sans une système régulier de nomenclature,
qui soit reconnu
et employé par l’immense majorité
de naturalistes de tous
les pays.
Art 2.
Les règles de la nomenclature ne peuvent être
ni arbitraires ni imposées.
Elles doivent être basées sur des
motifs assez clairs et
assez forts pour que chacun les com-
prenne
et soit disposé à les accepter.
Art. 3.
Dans toutes les parties de la nomenclature,
le
principe essentiel est d’éviter ou de repousser
l’emploi de
formes et de noms pouvant produire des erreurs,
des équi-
voques, ou jeter de la confusion
dans la science.
Après cela, ce qu’il y a de plus important est d’éviter
toute
création inutile de noms.
Les autres considérations, telles que la correction
gram-
maticale absolue, la régularité ou l’euphonie
des noms, un
usage plus ou moins répandu,
les égards pour des person-
nes, etc.,
malgré leur importance incontestable,
sont relati-
vement accessoires.
Art. 4.
Aucun usage contraire aux règles ne peut être
maintenue s’il entraîne des confusions ou des erreurs.
Lors-
qu’un usage n’a pas d’inconvénient grave
de cette nature, il
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peut motiver des exceptions
qu’il faut cependant se garder
d’étendre ou d’imiter.
Enfin, à défaut de règle, ou si les con-
séquences
des règles sont douteuses, un usage établi fait loi.
Art. 5.
Les principes et les formes de la nomenclature
doivent être aussi semblables que possible en botanique
et
en zoologie.
Art. 6.
Les noms scientifiques sont en langue latine.
Quand on les tire d’une autre langue,
ils prennent des dé-
sinences latines,
à moins d’exceptions consacrées par l’u-
sage.
Si on les traduit dans une langue moderne,
on cher-
che à leur conserver le plus possible
une ressemblance
avec les noms originaux latins.
Art. 7.
La nomenclature comprend deux catégories de
noms :
1° Des noms, ou plutôt des termes, qui expriment la
nature
des groupes compris les uns dans les autres;
2º des
noms particuliers à chacun des groupes de plantes
ou d’a-
nimaux que 1’observation a fait connaître.
————
S u r
l a
m a n i è r e
d e
d é s i g n e r
l a
n a t u r e
e t
l a
s u b o r d i n a t i o n
d e s
g r o u p e s
q u i
c o m p o s e n t
l e
r è g n e
v é g é t a l .
Art. 8.
Tout individu végétal appartient à une espèce
(species), toute espèce à un genre
(genus), tout genre à une
famille
(ordo,
familia), toute famille à une cohorte
(cohors),
toute cohorte à une classe
(classis), toute classe à une divi-
sion
(divisio).
Art. 9.
On reconnaît aussi dans plusieurs espèces des
variétés et des
variations, dans certaines espèces cultivées,
des modifications plus nombreuses encore ;
dans plusieurs
genres des
sections, dans plusieurs familles des
tribus.
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Art. 10.
Enfin, comme la complication des faits
conduit
souvent à distinguer des groupes intermédiaires
plus nom-
breux, on peut créer par le moyen
de la syllabe sous
(sub),
mise avant un nom de groupe,
des subdivisions de ce
groupe,
de telle manière que sous-famille
(subordo) ex-
prime un groupe
entre une famille et une tribu, sous-tribu
(subtribus), un groupe entre une tribu et un genre, etc.
L’ensemble des groupes subordonnés peut ainsi s’élever,
pour les plantes spontanées seulement,
jusqu’à 20 degrés
dans l’ordre suivant :
Regnum vegetabile.
Divisio.
Subdivisio.
Classis.
Subclassis.
Cohors.
Subcohors.
Ordo (gallice : Famille).
Subordo (gall. Sous-famille).
Tribus.
Subtribus.
Genus.
Subgenus.
Sectio.
Subsectio.
Species.
Subspecies (vel Proles, gall. Race).
Varietas.
Subvarietas.
Variatio.
Subvariatio.
Planta.
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Art. 11.
La définition de chacun de ces noms de grou-
pes varie,
jusqu’a un certain point, suivant les opinions indi-
viduelles
et l’état de la science, mais leur ordre relatif,
sanctionné par l’usage, ne peut être interverti.
Toute
classification contenant des interversions,
comme une divi-
sion de genres en
familles ou d’espèces en
genres, n’est pas
admissible.
Art. 12.
La fécondation d’une espéce par une autre
es-
pèce, crée un hybride
(hybridus), celle d’une modification
soit subdivision d’espèce par une autre modification de la
même espèce crée un métis
(mistus).
Art. 13.
Le classement des espèces dans un genre ou
dans une subdivision de genre se fait au moyen
de signes
typographiques,
de lettres ou de chiffres.
Les hybrides se
classent
après l’une des espèces dont ils proviennent,
avec
le signe × mis avant le nom générique.
Le classement des sous-espèces
dans l’espèce se fait par
des lettres
ou par des chiffres ; celui des variétés,
par la sé-
rie des lettres grecques
α, β, γ, etc.
Les groupes inférieurs
aux variétés
et les métis sont indiqués par des lettres,
des
chiffres ou des signes typographiques,
à la volonté de cha-
que auteur.
Art. 14.
Les modifications des espèces cultivées
doi-
vent être rattachées, autant que possible,
aux espèces
spontanées dont elles dérivent.
A cet effet, les plus importantes de ces modifications
sont assimilées à des sous-espèces
(subspecies), et quand on
est certain
de leur hérédité constante par graines,
elles
se nomment races
(proles).
Les modifications de second ordre
prennent le nom de
variétés,
et si l’on est certain de leur hérédité
à peu près
constante par graines,
elles se nomment sous-races
(subpro-
les).
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Les modifications moins importantes,
pouvant être com-
parées aux sous-variétés,
variations, sous-variations des
espèces spontanées,
sont indiquées d’après leur origine
(lorsqu’elle est connue),
de la manière suivante :
1º
satus
(semis; seedling, en angl. ;
Sämling, en allemand),
pour
une forme provenant de graines;
2º
mistus (métis;
en angl.
blending ¹,
en all. Blendling),
pour une forme provenant de
fécondation croisée dans l’espèce;
3º
lusus (en anglais sport ;
en allemand Spielart),
pour une forme née d’un bourgeon,
tubercule ou autre organe,
propagée par division.
—————
S u r l a m a n i è r e d e d é s i g n e r c h a q u e g r o u p e o u a s s o c i a t i o n
d e v é g é t a u x e n p a r t i c u l i e r .
Principes généraux.
Art. 15.
Chaque groupe naturel de végétaux ne peut
porter
dans la science qu’une seule désignation valable,
savoir la plus ancienne, adoptée par Linné,
ou donnée par
lui ou après lui,
à la condition qu’elle soit conforme
aux rè-
gles essentielles de la nomenclature.
Art. 16.
Nul ne doit changer un nom ou une combinai-
son
de noms sans des motifs graves, fondés sur une con-
naissance
plus approfondie des faits, ou sur la nécessité
d’abandonner
une nomenclature contraire aux règles essen-
tielles
(art. 3,
1er
alinéa,
4,
11,
15,
etc., voyez sect.
6).
¹ MM. Weddell et de Candolle proposent
dans la traduction anglaise le mot
half-breed,
qui leur paraît répondre mieux au mot métis.
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Art. 17.
La forme, le nombre et l’arrangement
des
noms dépendent de la nature de chaque groupe,
selon les
règles qui suivent.
Nomenclature des divers groupes.
§ 1. Noms de divisions et sous-divisions, de classes et sous-classes.
Art. 18.
Les noms de divisions et sous-divisions,
de
classes et sous-classes
se tirent d’un des principaux carac-
tères.
Ils s’expriment au moyen de mots d’origine grecque
ou latine, et en donnant aux groupes de même nature
une
certaine harmonie de forme et de désinence
(Phanérogames,
Cryptogames;
Monocotylédones, Dicotylédones, etc).
Art. 19.
Dans les Cryptogames, les noms anciens de
familles,
tels que Filices, Musci, Fungi, Lichenes, Algæ,
peuvent être employés comme noms de classes ou sous-
classes.
§ 2. Noms de cohortes et sous-cohortes.
Art. 20.
Les cohortes sont désignées de préférence
par
le nom d’une de leurs principales familles,
et autant que
possible avec une désinence uniforme.
Les sous-cohortes (rarement employées)
peuvent être
désignées de la même manière.
§ 3. Noms de familles et sous-familles, de tribus et sous-tribus.
Art. 21.
Les familles
(ordines,
familiæ) sont désignées
par le nom
d’un de leurs genre, avec la désinence
aceæ
(Rosaceæ, de Rosa; Ranunculaceæ, de Ranunculus, etc.).
Art. 22. L’usage justifie les exceptions suivantes :
1º Lorsque le genre d’où le nom de famille est tiré se
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termine en latin par
ix ou
is
(génitif
icis ou
idis) la dési-
nence
iceæ, ou
ideæ, ou
ineæ est admise
(Salicineæ, de Sa-
lix;
Tamaricineæ, de Tamarix;
Berberideæ, de Berberis).
2º
Lorsque le genre d’où le nom est tiré a un nom
d’une
longueur inusitée et qui il n’y a pas de nom
de tribu fondé
sur ce même genre dans la famille,
on admet la terminaison
en
eæ (Dipterocarpeæ, de Dipterocarpus).
3º
Pour quelques grandes familles anciennement nommées,
très-connues sous leurs noms exceptionnels,
on conserve les
noms anciens
(Cruciferæ, Leguminosæ, Guttiferæ, Umbelli-
feræ,
Compositæ, Labiatæ, Cupuliferæ, Coniferæ, Palmæ,
Gramineæ, etc.).
4º
Un ancien nom de genre devenu nom de section
ou
d’espèce, peut être maintenue comme base
d’un nom de fa-
mille
(Lentibularieæ, de Lentibularia;
Hippocastaneæ, de
Æsculus Hippocastanum;
Caryophylleæ, de Dianthus Caryo-
phyllus ;
etc).
Art. 23.
Les noms de sous-familles
(subordines,
subfa-
miliæ)
sont tirés du nom d’un des genres
qui se trouvent
dans le groupe, avec la désinence
eæ.
Art. 24.
Les noms de tribus et sous-tribus se tirent du
nom
d’un des genres qui en font partie, avec la désinence
eæ ou
ineæ.
§ 4. Noms de genres et de divisions de genres.
Art. 25.
Les genres, sous-genres et sections reçoivent
des noms, ordinairement substantifs, qui sont pour chacun
d’eux comme nos noms propres de famille.
Ces noms peuvent être tirés d’une source quelconque
et
même être composés d’une manière absolument arbitraire,
sous la réserve des conditions indiquées plus loin.
Art. 26. Les sous-sections et autres subdivisions infé-
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rieures des genres peuvent recevoir un nom,
substantif ou
adjectif, ou porter simplement
un numéro d’ordre ou une
lettre, sans nom.
Art. 27.
Lorsqu’un nom de genre, sous-genre ou sec-
tion
est tiré d’un nom d’homme,
on le constitue de la ma-
nière suivante :
Le nom, dégagé de tout titre et de toute particule
préli-
minaire accessoire, est terminé en
a ou
ia.
Les syllabes qui ne sont pas modifiées
par cette dési-
nence conservent
leur orthographe exacte, même avec les
lettres
ou diphtongues usitées dans certaines langues
et qui
ne l’étaient pas en latin.
Cependant les ä, ö, ü, des langues
germaniques,
deviennent des æ, œ, ue,
les é et è
de la
langue francaise,
deviennent de e.
Art. 28.
Les botanistes qui ont à publier des noms de
genre
font preuve de discernement et de goût s’ils ont
égard
aux recommandations suivantes :
1º
Ne pas faire des noms très-longs
ou difficiles à pro-
noncer.
2º Indiquer l’étymologie de chaque nom.
3º
S’ils ont créé autrefois un nom qui n’a pas été admis,
ne pas créer eux-mêmes un autre genre sous le même nom,
surtout dans la même famille ou dans une des familles
voi-
sines.
4º
Ne pas dédier des genres à des personnes
absolument
étrangères à la botanique,
ou du moins aux sciences natu-
relles,
ni à personnes tout a fait inconnues.
5º
Ne tirer des noms de langues barbares,
que si ces
noms se trouvent frequemment cités
dans les livres des
voyageurs
et présentent une forme agréable
qui s’a-
dapte aisément a la langue latine
et aux langues des pays
civilisés.
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6º
Rappeler, si possible, par la composition
ou la dési-
nence du nom,
les affinités ou les analogies du genre.
8º
Ne pas donner à un genre un nom dont la forme
est plutôt celle de d’un nom de section
(Eusideroxylon, par
exemple).
9º
Éviter de reprendre des noms qui ont existé,
mais
qu’on a refusé d’admettre,
pour nommer des genres diffé-
rents des anciens,
à moins qu’il ne s’agisse de dédier
de
nou veau un genre à un botaniste;
mais dans ce cas il est à
désirer encore :
1º Que l’abandon du premier genre soit
bien constaté;
2º Que la famille où l’on veut rétablir le
nom
soit tout à fait différente de la première.
10º
Éviter de faire choix de noms
qui existent en
zoologie.
Art. 29.
Les botanistes qui contruisent
des noms de
sous-genres ou de sections
feront bien d’avoir égard aux re-
commandations
de l’article précédent et en outres à cel-
les-ci :
1º
Prendre volontiers pour la principale division
d’un
genre,
un nom qui le rappele par quelque modification ou
addition
(Eu mis au commencement du nom,
quand il est
d’origine grecque;
astrum,
ella, à la fin du nom, quand il
est latin,
ou telle autre modification
conforme à la gram-
maire
et aux usages de la langue latine).
2º
Éviter dans un genre de nommer une section
par le
nom de genre terminé par
oides, ou
opsis;
mais au con-
traire rechercher cette désinence
pour une section qui res-
semblerait à un autre genre,
en ajoutant alors
oides ou
opsis
au nom de cet autre genre,
s’il est d’origine grecque,
pour
former le nom de la section.
3º Éviter de prendre comme nom de section un nom qui
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existe déjà comme tel dans un autre genre,
ou qui est le
nom d’un genre admis.
Art. 30.
Lorsqu’on désire énoncer un nom de section
conjointement avec le nom de genre et le nom d’espèce,
le
nom de section se place
entre les deux auteurs en paren-
thèse.
§ 5. Noms d’espèces, d’hybrides et de subdivisions des espèces.
Art. 31.
Chaque espèce, mème celles qui composent à
elles seules un genre, est désignée par le nom du genre
au-
quel elle appartient suivi d’un nom dit spécifique,
le plus
ordinairement de la nature des adjectifs.
Art. 32.
Le nom spécifique doit, en général,
indiquer
quelque chose de l’apparence,
des caractères, de l’origine,
de l’histoire ou de propriétés de l’espèce.
S’il est tiré d’un
nom d’homme,
c’est ordinairement pour rappeler le nom de
celui
qui l’a découverte ou décrite,
ou qui s’en est occupé
d’une manière quelconque.
Art. 33.
Les noms d’hommes employés comme noms
spécifiques
ont la forme du génitif du nom ou d’adjec-
tif dérivé
(Clusii ou Clusiana). La première forme s’em-
ploie
quand l’espèce a été décrite ou distinguée
par le bota-
niste dont elle prend le nom;
la seconde forme dans les
autres cas.
Quelle que soit la forme adoptée,
tout nom
spécifique tiré d’une nom d’homme
commence par une grande
lettre.
Art. 34.
Un nom spécifique peut être un ancien nom
de genre ou un nom propre substantif.
Il prend alors une
grande lettre
et ne s’accorde pas avec le nom de genre
(Digitalis Sceptrum, Coronilla Emerus).
Art. 35. Deux espèces du même genre ne peuvent avoir
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le même nom spécifique, mais le même nom specifique
peut
être donné dans plusieurs genres.
Art. 36.
En construisant des noms spécifiques,
les bota-
nistes font bien d’avoir égard
aux recommendations sui-
vantes :
1º
Éviter les noms très-longs
ou d’une prononciation
difficile.
2º
Éviter les noms qui expriment un caractère
commun
à toutes ou presque toutes les espèces du genre.
3º
Éviter les noms tirés de localités peu connues,
ou
très-restreintes,
à moins que l’habitation de l’espèce
ne soit
tout à fait locale.
4º
Éviter, dans le même genre,
les noms trop sembla-
bles,
ceux surtout qui ne diffèrent
que par les dernières
lettres.
5º
Adopter volontiers les noms inédits qui se trouvent
dan s les notes des voyageurs ou dans les herbiers,
à moins
qu’ils ne soient plus ou moins défectueux
(voir art. 47, 3º).
6º
Éviter les noms qui ont été employés
auparavant dans
le genre ou dans quelque genre voisin
et qui sont devenus
des synonymes.
7º
Ne pas nommer une espèce d’après
quelqu’un qui ne
l’a ni découverte, ni décrite,
ni figurée, ni étudiée en aucune
manière.
8º Éviter les noms spécifiques composés de deux mots.
9º
Éviter les noms qui forment pléonasme
avec le sens
du nom du genre.
Art. 37.
Les hybrides d’une origine démontrée par voie
d’expérience, sont désignés par le nom de genre,
auquel on
ajoute une combinaision des noms spécifiques
des deux espèces
dont ils proviennent,
le nom de l’espèce qui a fourni le pollen
étant mis le premier, avec la terminaison
i ou
o, et celui de
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l’espèce qui a fourni l’ovule venant ensuite,
avec un trait
d’union entre les deux
(Amaryllis vittato-reginæ, pour l’Ama-
ryllis
provenant de l’A. reginæ fécondé par le vittata).
Les hybrides d’origine douteuse se nomment
comme des
espèces. On les distingue
par l’absence de numéro d’ordre
et par le signe × précédant le nom de genre
(× Salix
capreola Kern.).
Art. 38.
Le noms de sous-espèces et de variétés se
forment
comme les noms spécifiques et s’ajoutent à eux
dans leur ordre, en commençant par ceux
du degré supé-
rieur de division.
Les métis d’origine douteuse se nomment
et se classent
de la même manière.
Les sous-variétés, variations et sous-variations
de pl antes
spontanées, peuvent recevoir
des noms analogues aux pré-
cédents,
ou seulement des numéros ou des lettres
qui faci-
litent leur classement.
Art. 39.
Les métis d’une origine certaine sont désignés
par une combinaison des deux noms de sous-espèces,
varié-
tés, sous-variétés, etc.,
qui leur ont donné naissance, en
observant
les mêmes règles que pour les noms d’hybrides.
Art. 40.
Dans les plantes cultivées, les semis,
les métis
d’origine obscure et les sports,
reçoivent des noms de fan-
taisie, en langue vulgaire,
aussi différents que possible des
noms latins d’espèces
ou de variétés.
Quand on peut l es
rattacher à une espèce,
à une sous-espèce ou une var iété
botanique,
on l’indique par la succession des noms
(Pelar-
gonium zonale Mistress-Pollock).
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De la publication des noms
et de la date de chaque nom
ou
combinaison de noms.
Art. 41.
La date d’un nom ou d’une combinaision de
noms
est celle de leur publication effective,
c’est-à-dire
d’une publicité irrévocale.
Art. 42.
La publication résulte de la vente ou de la
distribution, dans le public, d’imprimés, de planches
ou d’au-
tographies. Elle résulte aussi
de la mise en vente ou de la
distribution aux
principales collections publiques d’echan-
tillons
numérotés, nommés et accompagn és d’étiquettes
imprimées ou autographiées, portant la date de la mise
en
vente ou de la distribution.
Art. 43.
Une communication de noms nouveaux
dans
une séance publique,
des noms mis dans des collections
ou
des jardins ouverts au public,
ne constituent pas une p u-
blication.
Art. 44.
La date mise sur un ouvrage est présumée
exacte,
jusqu’à preuve contraire.
Art. 45.
Une espèce n’est considérée comme nommée
que si elle
a un nom générique en même temps qu’un nom
spécifique.
Art. 46.
Une espèce annoncée dans un ouvrage
sous
des noms générique et spécifique,
mais sans aucun rensei-
gnement sur les caractères,
ne peut être considérée comme
publiée.
Il en est de même d’une genre annoncé sans être
caractérisé.
Art. 47.
Les botanistes feront bien d’avoir égard
aux
recommandations suivantes :
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1º
Indiquer exactement la date de la publication
de leurs
ouvrages ou fractions d’ouvrages,
et celle de la mise en
vente
ou de la distribution de plante nommées et numé-
rotées.
2º
Ne pas publier un nom sans indiquer clairement
si
c’est un nom de famille ou de tribu,
de genre ou de section,
d’espèce ou de variété,
en un mot sans indique une opi-
nion
sur la nature du groupe auquel ils donnent le nom.
3º
Éviter de publier ou de mentionner
dans leur publi-
cations
des noms inédits qu’ils n’acceptent pas,
surtout si
les personnes qui ont fait ces noms
n’en ont pas autorisé
formellement la publication
(voir art. 36, 5º).
De la précision à donner
aux noms par la citation
du botaniste
qui les a publiés
le premier.
Art. 48.
Pour être exact et complet dans l’indication
du nom ou des noms d’un groupe quelconque,
il faut citer
l’auteur qui a publié le premier le nom
ou la combinaison
de noms dont il s’agit.
Art. 49.
Un changement de caractères constitutifs
ou
de circonscription dans un groupe
n’autorise pas à citer un
autre auteur
que celui ayant publié le premier le nom,
ou la
combinaison de noms.
Quand le changements ont été considerables,
on ajoute
à la citation de l’auteur primitif :
mutatis charact., ou
pro
parte, ou
excl. gen.,
excl. sp.,
excl. var., ou telle autre indi-
cation abrégée,
selon la nature des changements survenus
et du groupe dont il s’agit.
Art. 50. Les noms publiés d’après un document inédit,
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tel qu’un herbier,
une collection non distribuée, etc.,
sont
precisés par l’addition du nom
de l’auteur qui publie, mal-
gré
l’indication contraire qu’il a pu donner.
De même les
noms usités dans les jardins
sont précisés par la mention
du premier auteur
qui les publie.
Dans le texte développé,
on cite l’herbier, la collection, le
jardin
(Lam. ex Commers. mss. in herb. par.;
Lindl. ex horto
Lodd.).
Art. 51.
Lorsqu’un nom existant est appliqué à un
groupe
qui devient d’un ordre supérieur ou inférieur
à ce
qu’il était auparavant, le changement
opéré equivant à la
création d’un nouveau groupe
et l’auteur à citer est celui
qui a fait le changement.
Art. 52.
Les noms d’auteurs mis après les noms de
plantes
s’indiquent par abréviations,
à moins qu’ils ne soient
très-courts.
A cet effet on retranche d’abord les particules
ou lettres
préliminaires qui ne font pas strictement
partie du nom,
puis on indique les premières lettres,
sans en omettre au-
cune.
Si un nom d’une seule syllabe est assez compliqué
pour
qu’il vaille la peine de l’abréger,
ou indique les pre-
mière consonnes
(Br. pour Brown) ; si le nom a deux ou
plusieurs syllabes, on indique la première syllabe,
plus la
première lettre de la syllabe suivante,
ou les deux premières
quand elles
sont des consonnes
(Juss. pour de Jussieu ;
Rich. pour Richard).
Lorsqu’on est forcé d’abréger moins,
pour éviter une
confusion entre des noms
qui commencent par les mêmes
syllabes,
on suit le même système, en donnant, par exemple,
deux syllabes, avec la ou les premières consonnes
de la troi-
sième,
ou bien l’on indique une des dernières consonnes
caractéristiques du nom
(Bertol. pour Bertoloni, afin de dis-
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tinguer de Bertero;
Michx pour Michaux,
afin de dis-
tinguer de Micheli).
Les noms de baptême ou les dési-
gnations accessoires,
propres à distinguer deux botanistes
du même nom,
s’abregent de la même manière
(Adr. Juss.
pour Adrien de Jussieu,
(Gærtn. fil. ou
Gærtn. f. pour
Gærtner filius).
Lorsque l’usage est bien établi
d’abréger un nom d’une
autre manière,
le mieux est de s’y conformer
(L. pour Linné,
St-Hil.
pour de Saint-Hilaire).
Des noms à conserver
lorsqu’un groupe est divisé,
remanié, trans-
porté, ou abaissé,
ou quand deux groupes
de même ordre
sont réunis.
Art. 53.
Un changement de caractères, ou une révision
qui entraîne l’exclusion de certains éléments d’un groupe
ou
des additions de nouveaux éléments, n’autorisent pas
à
changer le nom ou les noms du groupe.
Art. 54.
Lorsqu’un genre est divisé en deux ou plu-
sieurs,
le nom doit être conservé et il est donné à l’une des
divisions principales. Si le genre contenait
une section ou
autre division qui, d’après son nom
ou ses espèces, était le
type ou l’origine du groupe,
le nom est réservé pour cette
partie.
S’il n’existe pas de section ou subdivision pareille,
mais qu’une des fractions détachées soit beaucoup plus
nombreuse en espèces que les autres,
c’est à elle que le nom
doit être réservé.
Art. 55. Dans le cas de réunion de deux ou plusieurs
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groupes de même nature, le nom le plus ancien subsiste.
Si
les noms sont de même date, l’auteur choisit.
Art. 56.
Lorsqu’on divise une espèce en deux ou plu-
sieurs
espèces, si l’une des formes a été plus anciennement
distinguée,
le nom lui est conservé.
Art. 57.
Lorsqu’une section ou une espèce est portée
dans un autre genre, lorsqu’une variété ou autre division
de l’espèce est portée au même titre dans une autre espèce,
le nom de la section, le nom spécifique
ou le nom de la
division d’espèce subsiste,
à moins que dans la nouvelle
position
il n’existe un des obstacles indiqués
aux articles
62 et 63.
Art. 58.
Lorsqu’une tribu devient famille,
qu’un sous-
genre ou une section devient genre,
qu’une subdivision
d’espèce devient espèce,
ou que des changements ont lieu
dans le sens inverse,
les noms anciens des groupes subsistent,
pourvu qu’il n’en résulte pas deux genres du même nom
dans le règne vegetal,
deux subdivisions de genre ou deux
espèces
du même nom dans le même genre,
ou deux subdi-
visions du même nom
dans la même espèce.
Des noms à rejeter, changer ou modifier.
Art. 59.
Nul n’est autorisé à changer un nom sous pré-
texte
qu’il est mal choisi, qu’il n’est pas agréable,
qu’un
autre est meilleur ou plus connu,
qu’il n’est pas d’une lati-
nité suffisamment pure,
ou pour tout autre motif contestable
ou de peu de valeur.
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Art. 60.
Chacun doit se refuser à admettre un nom
dans
les cas suivants :
1º
Quand ce nom est appliqué dans le règne végétal
à
un groupe nommé antérieurement d’un nom valable.
2º
Quand il forme double emploi
dans les noms de clas-
ses ou de genres,
ou dans les subdivisions ou espèces du
même genre,
ou dans les subdivisions de la même espèce.
3º
Quand il exprime du caractère
ou un attribut positi-
vement faux
dans la totalité du groupe en question,
ou seu-
lement dans la majorité des éléments
qui le composent.
4º Quand il est formé par la combinaison de deux langues.
5º Quand il est contraire aux articles de la section 5.
Art. 61.
Un nom de cohorte, sous-cohorte,
famille ou
sous-famille, tribe ou sous-tribu,
doit être changé lorsqu’il
est tiré d’un genre
qu’on reconnaît ne pas faire partie du
groupe en question.
Art. 62.
Lorsqu’un sous-genre, une section
ou une sous-
section passe au même titre
dans un autre genre, le nom
doit être changé
s’il existe déjà dans le genre un groupe
de
même ordre sous ce nom.
Lorsqu’un espèce est portée d’un genre dans un autre,
son nom spécifique doit être changé s’il existe déjà
pour
une des espèces du genre.
De même lorsqu’une sous-espèce,
variété
ou autre subdivision d’espèce est portée
dans une
autre espèce, le nom en doit être changé
s’il existe déjà
dans l’espèce pour une modification
du même ordre.
Art. 63.
Lorsqu’un groupe est transporté dans un autre
en y conservant le même rang, son nom doit être changé
s’il devient un contre-sens ou une cause évidente d’erreur
et de confusion dans la nouvelle position qui lui est
attribuée.
Art. 64. Dans les cas prévus aux articles 60, 61, 62,
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63, le nom à rejeter ou à changer
est remplacé par le plus
ancien nom valable
existant pour le groupe dont il s’agit,
et à défaut de nom valable ancien
un nom nouveau doit
être créé.
Art. 65.
Un nom de classe, tribu ou autre groupe
su-
périeur au genre peut être modifié dans sa désinence,
pour
être rendu conforme aux règles et aux usages.
Art. 66.
Lorsqu’un nom tiré du grec ou du latin
a été mal
écrit ou mal construit,
ou qu’un nom tiré d’un nom d’homme
n’a pas été écrit
conformément à l’orthographe réelle du
nom,
ou qu’une erreur sur le genre grammatical
d’un nom a
entraîné une desinence vicieuse
dans les noms d’espèces ou
de modifications d’espèces,
chaque botaniste est autorisé à
rectifier le nom fautif
ou les désinences fautives,
à moins
qu’il ne s’agisse d’un nom très-ancien
et passé entièrement
dans l’usage
sous la forme erronée.
On doit user de cette
faculté avec réserve,
particulièrement si le changement doit
porter
sur la première syllabe,
surtout sur la première lettre
du nom.
Quand un nom a été tiré d’une langue vulgaire,
il doit
subsister tel qu’on l’a fait,
même dans le cas où l’orthogra-
phe du nom
a été mal comprise par l’auteur
et donne lieu
à des critiques fondées.
Des noms de plantes dans les langues modernes.
Art. 67.
Les botanistes emploient dans les langues mo-
dernes
les noms scientifiques latins ou ceux qui en dérivent
immédiatement, de préférence aux noms d’une autre na-
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ture ou d’une autre origine.
Ils évitent de se servir de ces
derniers noms,
à moins qu’ils ne soient très-clairs et très-
usuels.
Art. 68.
Tout ami des sciences doit s’opposer
à l’in-
troduction dans une langue moderne
de noms de plantes
qui n’y existent pas,
à moins qu’ils ne soient dérivés des
noms botaniques latins,
au moyen de quelque légère mo-
dification.
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